A l’attaque ! Jusqu’à alors, les start up du web créaient de nouveaux produits ou services répondant à de nouveaux besoins sur des marchés encore inexistants. La donne a désormais changé. Tous les marchés, y compris les plus réglementés, sont aujourd’hui menacés par une ou plusieurs entreprises du web. Ces start up du numérique vont là où on ne les attend pas. Leur stratégie : entrer sur un marché où elles vont totalement redéfinir la création de valeur en bouleversant les plans des acteurs traditionnels. Après l’hôtellerie (AirBnB), le transport de personnes (Uber, qui fait beaucoup parlé de lui, ou encore Blablacar) ou encore le droit de proximité (DemanderJustice)… l’expertise-comptable est elle la prochaine citadelle à conquérir ? L’expert comptable risque-t-il lui aussi « l’ubérisation » ?
Le (faible) rempart des barrières réglementaires
Les prérogatives d’exercice de la profession d’expert-comptable limitent bien entendu l’entrée sur le marché de nouveaux entrants. Toutefois, l’ouverture du capital des sociétés d’expertise comptable et la remise en cause du monopole sur la tenue comptable ouvrent des portes à ces web-entrepreneurs, toujours prompts à faire preuve d’agilité.
Si les barrières réglementaires tombent petit à petit, les nouveaux entrants du web pourraient créer de nouvelles barrières numériques à l’entrée sur le marché. Comment ? En créant de nouveaux business modèles incontournables – de nouveaux cabinets où l’offre repose essentiellement sur la technologie numérique. Ces sociétés se constitueront ainsi un actif technologique, difficilement reproductible, qui limitera naturellement l’accès au marché de l’expertise comptable.
L’Ubérisation ou comment le numérique est à l’origine de nouveaux modèles d’affaires
Les business models des start-up reposent en général sur une simplification et amélioration du service offert grâce à la technologie. C’est sur ce pilier numérique que repose « l’ubérisation » de secteur comme l’hotellerie ou le transport de personnes. Pour l’expertise comptable, on peut penser à la simplification des échanges (échange banque-cabinet, échange client-cabinet) et la communication d‘informations de pilotage de l’entreprise en temps réel.
Les plateformes collaboratives (forme d’extranet du cabinet mis à disposition de ses clients) proposées par certains éditeurs de logiciels vont ainsi déjà dans une logique d’amélioration de la relation entre le client et l’expert comptable. De manière prospective, on peut imaginer que demain l’expert comptable pourra avoir accès directement aux informations bancaires de son client (via un accès direct à la consultation des comptes bancaires de son client – qui va au delà des protocoles d’échanges bancaires ) et ainsi proposer par exemple des tableaux de bord mis à jour en temps réel à partir des données collectées. Une vision prospective qui est déjà en partie une réalité…
A titre d’exemple, on peut citer la start-up Smallbusinessact qui met à disposition de ses clients via une interface (web et mobile) les services suivants :
- l’accès à un tableau de bord (trésorerie et indicateurs clés), mis à jour en permanence
- l’alerte des relances clients à effectuer
- l’alerte des échéances fournisseurs
- la création de devis/facture
- un scanner qui permet au client de transmettre les justificatifs d’achats et notes de frais
La comptabilité est mise à jour en temps réel (par une société d’expertise comptable, filiale de la start-up Smallbusinessact ) pour qu’elle soit un véritable outil de pilotage pour les dirigeants. Une rupture dans l’offre de services par rapport aux cabinets traditionnels, qui fonctionnent généralement par grands cycles (trimestriels et annuels) et se calquent sur les dates butoirs de l’administration.
Le monopole peut créer une forme de protection illusoire et confronte ainsi certains cabinets aux dangers de l’immobilisme. Si l’innovation ne vient pas de l’intérieur du marché, elle viendra de l’extérieur…
16 Responses
[…] Comment les start-up du numérique peuvent -elles entrer sur le marché de l'expertise comptable et y redéfinir la création de valeur ? […]
Ok, mais une chose que ces nouveaux intervenants ne pourront remplacer c’est la relation de confiance de l’expert-comptable avec son client. Il faut voir au delà de la saisie comptable, on se confie pas à un site web comme on se confie à son expert-comptable.
On ne peut assimiler une prestation intellectuelle à la prestation délivrée par un chauffeur de taxi, un restaurant ou un hôtel;.
Maintenant qui vivra , verra .
Merci Jean-Louis de votre commentaire que je partage entièrement ! C’est pourquoi chez SmallBusinessAct, les technologies sont utilisées là où elles amènent de la valeur à nos clients: la captation, le traitement et la visualisateion de la donnée. Mais ce sont bien nos Coachs de Gestion et notre Expert-Comptable en chair et en os qui, chaque jour, sont disponibles au téléphone, via skype ou physiquement. La différence c’est qu’il sont sous leurs yeux des indicateurs de performances mis à jour en temps réel. Et ça ça change tout.
Je suis client d’un expert… Je ne le vois qu’une fois par an, je saisie moi même en ligne, et j’ai très peu de conseils… Bref, je n’ai établie aucune relation de confiance, donc je ne vois pas l’intérêt de mon expert à part répondre à une obligation légale.
Mon père, agent de voyage traditionnel, tenait le même discours, hors, même lui maintenant qu’il ait à la retraite reconnait que l’achat en ligne fonctionne très bien dans les voyages… Ce sera pareil à terme pour les experts… Il faudra toujours des experts, mais la relation client sera différente.
Je connais cette société smallbusinees act.
Ils m’avaient alors proposé de sous-traiter et m’avaient juré de ne pas entre en concurrence avec mon cabinet.
Je vois que la promesse n’est pas tenue. Belle éthique !
En revanche, je récupère beaucoup de clients qui ont cédé à la tentation du low-cost et des cabinets dématérialisés.
Pourquoi reviennent-ils en arrière ?
Par le manque de conseil. !
De plus, il est illusoire de reporter sur les clients les tâches et compétences d’un cabinet : j’ai tenté l’expérience et le pire est au-rendez-vous. Oublis, doublons, etc… d’une part et incapacité à comprendre les tableaux de gestion fournis ….sans un conseil.
Donc, laissons croire les informaticiens que la compta se résume à un logiciel. Nous récupérerons leurs clients plus tard…
C’est vrai que nous ne voulions pas entrer en concurrence avec les EC. Nous avons essayé pendant 3 ans, mais si certains de vos confrères étaient prêts à jouer le jeu (la moitié de nos clients ont gardé leur EC), trop de vos confrères nous ont traité comme si nous étions des pirates à abattre, quand notre objectif est d’optimiser les outils de gestion des TPE, embarquées dans le monde du temps réel …. alors que leurs partenaires EC continuent à vivre dans le temps règlementaire. C’est cette opposition de tous les instants qui nous a conduit à devenir nous même EC. Nous sommes heureux de pouvoir offrir nos services en marque blanche avec des EC qui partagent notre vision: mettre en place le meilleur système de gestion et de comptabilité pour le bénéfice de leur client dans une relation de partenariat réel.
Ce model est du pain béni pour repositionner le business model des cabinets.
Puisque le low-cost à bâti le sien sur la recherche d’un prix et non d’une relation, ils attirent à eux les dirigeants qui méconnaissent ou mal expriment leurs besoins réels d’accompagnement .
Ce n’est lorsqu’ils le découvrent réellement qu’ils se tournent vers des cabinets « physiques ».
Il faut, pour des derniers, communiquer perpétuellement sur une relation client de qualité couplée à des missions de conseil à forte valeur ajoutée , les low-cost conserveront une typologie de clients et nous une autre . La belle affaire !
C’est donc complémentaire 🙂
[…] Comment les start-up du numérique peuvent -elles entrer sur le marché de l'expertise comptable et y redéfinir la création de valeur ? […]
Avec l’accélération des réformes intellectuelles qu’impose notre monde économique vascillant, la prise de décision instantanée devient le quotidien du dirigeant.
Cela veut dire que l’enjeu n’est plus la tenue de la comptabilité, mais la qualité de la mesure de la performance économique.
Et là, il faut aborder la gestion avec le bon angle, car le plan comptable ne permet aucunement une lecture économique de l’entreprise.
Pour que l’expert-comptable puisse résister, il va falloir qu’il aille vers son client et qu’il apprenne que la réalité de l’entreprise est dans la compréhension de ses processus et non dans les chiffres synthétisés dans un bilan en images.
Les décisions se prennent en amont, à partir d’une information précise, actuelle. Le regard sur le passé ne montre que ce qu’a engendré la décision, bien ou mal.
Je partage à 100% votre commentaire. Plus nous serons nombreux à porter ce discours, quels que soient les moyens employés, plus nous pourrons aider nos entreprises françaises à se développer, à creér de l’emploi et à exporter.
Presque 65 000 entreprises disparaissent chaque année. Leur EC n’a-t-il fait que son travail ou a-t-il été également le conseil du Dirigeant, au moment qui a précédé la cessation de paiement.
C’est la que le bas blesse et qu’il manque aujourd’hui une véritable compétence.
A service égal, si le numérique remplace l’EC pour moins cher, pourquoi pas. Mais à mon sens, ce n’est pas l’outil qui changera l’Homme.
Le Dirigeant de TPE doit être entouré, bien au delà d’une excellente application.
Merci pour cet article,
Les entreprises du web et autres start-up sont-elles des menaces ou des opportunités ? Non seulement les experts comptables connaissent bien mieux leurs clients, mais en plus je crois que les chefs d’entreprises ne sont pas totalement murs pour tous confier sur internet. Ce qui est certains, c’est que les BESOINS des Experts-Comptables évoluent en fonction des clients. C’est la réponse à ces besoins, et principalement être orienté vers la VALORISATION de leurs prestations et la MATÉRIALISATION DE LEUR ACCOMPAGNEMENT qu’il faut identifier de nouveaux outils et services.
Les barrières réglementaires tombent au fur et à mesure, mais en échangeant avec certains Experts-Comptables, notamment lors du congrès de Bretagne à SAINT-MALO, il y a un an, il était surprenant de voir combien ils s’accrochent et ce qui les A PROTÉGER, mais qui aujourd’hui les ENFERME… Les nouveaux outils doivent les aider à passer ce cap CULTUREL pour eux.
Tous les services proposés ont un lien étroit avec la production du cabinet, c’est-à-dire, là les experts comptables vont en priorité, car c’est leur ZONE DE CONFORT. C’est intéressant, mais sans doute insuffisant. Dans les années à venir, il est impératif que les cabinets, sans réduire la qualité qui caractérise leurs interventions, investissent dans la manière de VALORISER LEUR ACCOMPAGNEMENT, notamment par la mise en évidence des VALEURS AJOUTES APPORTÉES. L’une des priorités, et c’est reconnu par l’ordre dans différents documents (GESTION DES CABINETS D’EXPERTISE COMPTABLE et MARCHE DE LA PROFESSION) est notamment de mettre en place une vrai RELATION CLIENT, et notamment de MATÉRIALISER LA PRÉSENCE et L’ACCOMPAGNEMENT de l’Expert Comptable.
Il faut que ces nouveaux outils/services, soit tourné en priorité vers ce qu’attendent les clients, c’est-à-dire une réponse pour leur DÉVELOPPEMENT, SÉCURITÉ et PERFORMANCE de leur entreprise. Dans ces cas, un juste prix restera plus intéressant qu’une approche Low-Cost
L’outil, l’homme, le conseil, l’informatique.
Bref la peur du changement alors que le changement est une porte ouverte sur de nouvelles opportunités.
Le rôle de l’EC se borne à faire ce qu’il faut pour que les liasses fiscales soient remplies et déposées dans les temps.
La gestion consiste pour ces même EC à commenter le bilan 1 fois par an.
En regle générale, le premier cas concret d’une entreprise pour un expert-comptable, c’est celle qu’il crée en ouvrant son étude.
Mais 8 années passées à cirer les bancs de l’école en s’entendant dire que les chiffres c’est eux, cela formate le cerveau.
Conseils. Mais quels conseils ?
Incapable de proposer et de vendre un simple tableau de bord, ils expliquent chaque année à leurs clients qu’il faut faire plus de marge (la grand messe du bilan).
Faites de la marge, baissez vos frais et attention à vos prélèvements personnels.
Bravo, ca du conseil, ca c’est de la gestion.
Allez, il existe bien l’un ou l’autre EC qui sort du lot. Mais ils sont trop peu nombreux pour etre représentatifs d’un mouvement.
Cela changera. De l’intérieur ou de l’extérieur, voire des deux par la force des choses.
Le modèle est en mutation. Il changera. Il est en train de changer.
Ce n’est pas la proximité ou le web, la compta ou la gestion. Ce sera proximité ET web, compta ET gestion.
Simplement la compta restera le parent pauvre car le seul intérêt purement comptable sera assimilé à de l’ingénierie financière. La compta restera ce pour quoi elle est faite : la rédaction des déclarations fiscales. Elle se contentera de mesurer la pertinence des choix de gestion, des choix de stratégie du chef d’entreprise.
Certains de ces choix devront s’appuyer sur des modélisations informatiques, et d’autres sur des reflexions et de l’intuition liées à ce qui fait « l’humain ».
Conclusion: chacun sa place et que le meilleur gagne mais commencez par vous fixer des objectifs et définir votre stratégie (ca y est le comptable est déjà hors jeu des le départ).
Bonjour,
Stratégie inverse pour nous, c’est le cabinet qui a créé son logiciel de compta en ligne.
Nous sommes totalement en phase avec les commentaires des EC : règle n°1 : savoir-faire et proximité – règle n°2 : des outils pour mieux collaborer et pour aider le client.
RDV au congrès le 01/10/15. Ce sera le thème de l’année.
Amicalement
Il y a déjà des réseaux de ce type, comme France Comptabilité, qui proposent une sorte de Franchise de comptable.
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